Ethnopsychiatrie, ethnopsychologie : la culture au centre de la thérapie


Pas facile pour un psychothérapeute de traiter un patient dont il ne partage pas les mêmes références. Pour une aide adéquate aux migrants et aux personnes étrangères, des services de consultation mettent la question culturelle au centre de leur pratique.

Dans une salle, six thérapeutes, un «référent culturel» et un patient forment un cercle. Un groupe de parole? Non, une consultation d’ethnopsychiatrie à Genève. Le principe: «Un thérapeute et un patient évoluent en général dans le même contexte culturel, explique Franceline James, psychiatre psychothérapeute FMH et fondatrice de l’Association genevoise pour l’ethnopsychiatrie. Mais un migrant aura d’autres références dont nous tenons compte.»

Ainsi, soignants et enseignants adressent aux consultations d’ethnopsychiatrie des personnes avec lesquelles une prise en charge «classique» arrive à ses limites parce que des facteurs culturels leur échappent. «Nous avons par exemple reçu un patient d’ex-Yougoslavie diagnostiqué comme schizophrène, sans que les épisodes traumatiques de son histoire aient été repérés. Nous avons aussi aidé des conjoints, un Suisse et un étranger, qui ne s’entendaient pas sur l’éducation de leur enfant, autour des questions culturelles.»

Quels référents?

Les consultations d’ethnopsychiatrie se déroulent selon un procédé théorisé par le psychanalyste franco-américain Georges Devereux. Pour remplacer le traditionnel face-à-face du psychothérapeute et du patient, il y a plusieurs «genres» de thérapeutes: psychologues, psychiatres, infirmiers ou anthropologues. Pourquoi un groupe? «Chacun, d’origine différente, apporte un point de vue différent, détaille Franceline James. L’aspect collectif permet de montrer au patient que plusieurs représentations du monde peuvent coexister dans le même espace.»

Un autre intervenant s’avère essentiel: le référent culturel. C’est le rôle de Moussa Diallo à l’Association genevoise pour l’ethnopsychiatrie. Ce Malien d’origine travaille avec l’institution depuis 2014. Il traduit et fait le lien entre les thérapeutes et les patients dont il partage les origines. «Ils n’oseraient pas se confier en l’absence d’une personne qui puisse comprendre leur histoire. Certains font par exemple mention de rites qu’ils ont vécus en Afrique de l’Ouest et qui peuvent paraître étranges ici.»

Des expatriés comme des sans-papiers

D’autres associations prennent en compte le facteur culturel lors de suivis psychologiques. Appartenances, à Lausanne, Vevey et Yverdon-les-Bains, mais aussi Pluriels, le centre de consultations et d’études ethnopsychologiques pour migrants à Genève. Celui-ci reçoit sur rendez-vous, en face-à-face cette fois-ci, ceux dont la culture de référence n’est pas celle de Genève et qui ressentent le besoin d’un accompagnement psychologique pendant leur processus d’adaptation, puis d’intégration.

«Nos patients peuvent aussi bien travailler dans une ONG qu’être des sans-papiers», détaille Sarah Rossier, psychologue spécialiste en psychothérapie FSP. Alfredo Camelo, psychologue FSP et cofondateur de Pluriels, poursuit: «Nous nous occupons, entre autres, de regroupements familiaux difficiles. Certains enfants, en rejoignant du jour au lendemain un parent qu’ils ne connaissent plus dans un nouvel environnement, connaissent des difficultés scolaires, ou même une dépression.» Pluriels travaille donc avec le réseau social et institutionnel dans son ensemble pour les aider à rétablir des liens sains.

Du côté des adultes, le tiraillement entre deux cultures peut aussi s’avérer source de souffrances. «Beaucoup d’immigrés croient devoir rejeter leurs racines pour emmagasiner tous les codes suisses, raconte Consuelo Cautivo, psychologue et thérapeute de famille. Nous les aidons à trouver un équilibre.»

Le Temps

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