Les mystères du cerveau


« Tout se joue avant 3 ans », « nous utilisons seulement 10% de notre cerveau »… Avec l’explosion des neurosciences, nous croyons mieux connaître le fonctionnement de nos neurones. Pourtant notre boîte crânienne reste bien mystérieuse, ce soir au Téléphone Sonne nous tentons d’en savoir un peu plus.

  • Les femmes et les hommes ont des cerveaux différents
  • Les gauchers utilisent davantage leur hémisphère droit
  • La taille du cerveau est un facteur d’intelligence »

Nombreuses sont les idées reçues sur notre cerveau. Deux cents milliards de cellules, dont 86 milliards de neurones, et des kilomètres de vaisseaux sanguins, le cerveau est le principal organe du système nerveux. Un quart de l’énergie tirée des aliments que nous consommons lui est consacré ! Comment fonctionne-t-il ? Quel rôle joue-t-il dans nos émotions ? Dans nos comportements ?

Nous avons posé vos questions à Hervé Chneiweiss, chercheur au CNRS et directeur du laboratoire Neurosciences Paris-Seine (Sorbonne Université), qui vient de publier Notre cerveau, un voyage scientifique et artistique des cellules aux émotions aux éditions L’Iconoclaste.

Perd-t-on réellement 10 000 neurones par jour ?

Hervé Chneiweiss répond : « Écoutez, c’est une extrapolation qui vient d’un certain nombre d’études essentiellement chez l’animal. Mais comme cela a été dit, nous avons 200 milliards de cellules dans notre cerveau et donc 10 000 par jour, c’est assez modeste. Ce qu’il compte en plus ce sont les connexions qu’elles font les unes avec les autres plus que le nombre absolu de cellule. »

Mais peut-on dire qu’après 65 ans, les cellules ne se renouvellent pas ? Alors comment les entretenir ? Pour le chercheur, on naît avec un stock de neurones, qui ne sont pas censées se renouveler après un certain âge. Contrairement à certains animaux comme la souris, le rat. Il explique que certaines parties du corps, comme la moelle épinière perdent la moitié de leurs neurones dans les premiers mois de l’existence. Car nous avons trop de neurones lorsque l’on naît. « Donc le nombre n’est pas la question, c’est plutôt le type de contact, chaque cellule fait 50 000 ou plus contacts avec d’autres cellules. Et ce sont les circuits qui se forment qui sont importants. » 

Donc chez l’homme, on ne renouvelle pas nos cellules, que ce soit à 20 ans ou à 65 ans. 

« Tout au long de la vie, on remodèle nos circuits, et à partir de là, apprendre, exercer des activités cognitives c’est quelque chose que l’on peut, et que l’on doit faire tout au long de la vie. »

Il y a une grande complexité des cellules

Quid des neurosciences ?

A-t-on identifié le support biologique de la conscience de soi chez l’homme ? Le chercheur revient sur cette question en établissant une première chose : on a identifié la conscience de soi chez les animaux dans le cas du miroir. Ensuite « il y a différents types de conscience et de conscience de soi. La conscience dont on parle en général chez l’homme c’est la capacité de dire « je », et ça, aucun test de miroir chez l’animal est capable de le mettre en évidence. On a d’ailleurs montré dans des expériences récentes que presque tous les animaux sont capables du test du miroir. » 

Se reconnaître n’est pas suffisant à définir la conscience. 

« Aujourd’hui il y a beaucoup de travaux pour essayer d’approcher de ce que c’est la conscience. La conscience ça semble être la mise en relation de façon synchrone de différentes régions du cerveau bien particulières, et ça c’est une caractéristique tout à fait humaine. »

Le cerveau est le même pour chacun à la naissance, mais il se modifie au cours de la vie. Pourquoi ? Pour Hervé Chneiweiss, on a tous un fond génétique différent, ajouté à cela les événements extérieurs mais également intérieurs (chromosomes et gènes), cela peut créer des cerveaux assez différents et une grande variation entre les êtres.

« Dans le cerveau il y a des petites variations du génome, ce qu’on appelle les recombinaisons, qui font qu’il y a environ 13 000 sortes de différences entre différents neurones au cours du développement. Ce qui fait que déjà, même deux jumeaux lors de la naissance n’auront pas tout à fait le même cerveau, mais presque. Ensuite, selon la manière dont on l’utilise, il y a l’épigénétique, la plasticité, et ça, ça fait que plus on va utiliser telle ou telle capacité : faire du violon, courir, être un fou d’histoire ou d’art, on va développer de nouvelles aptitudes, et développer certaines aires du cerveau plus que d’autres. » 

Le lien entre l’estomac et le cerveau

Un auditeur pose la question de cette connexion en disant « Les terminaisons du cerveau arrivent jusqu’à l’appareil digestif. C’est-à-dire que le cerveau comprend ce avec quoi on s’alimente. Il y a alors peut-être un lien à faire soit avec l’anorexie, soit avec la boulimie, ou cet instinct à se nourrir avec ce qu’il nous plait dans des quantités intéressantes ? »

Pour Hervé Chneiweiss, « ll y a plusieurs éléments. Nous avons un système nerveux dédié à notre tube digestif, ces huit mètres de long avec beaucoup de motricité. Là vous avez à peu près 200 millions de cellules qui sont consacrées au tube digestif ce qui a été appelé par certains « le deuxième cerveau ». Ensuite, nous savons qu’il y a beaucoup d’interactions aujourd’hui entre les bactéries qui vivent dans notre tube digestif, dont le génome est dix fois plus important en quantité que notre propre génome à nous. 

Entre ces bactéries du tube digestif et notre système nerveux, il pourrait, pour certaines maladies neurodégénératives, y avoir une origine digestive, on en parle par exemple pour la maladie de Parkinson.

« Enfin, vous avez parlé de maladies comme l’anorexie ou la boulimie, là c’est totalement différent, ce sont des régions de notre cerveau qui sont impliquées, mais c’est un trouble plus intégré du rapport de la personne avec son propre corps ou son alimentation. Donc, on arrive là aux confins de la maladie mentale et des troubles qui doivent être aujourd’hui abordés comme les troubles de l’image du corps qu’à la personne elle-même ». 

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