Les jeunes femmes qui ont eu leurs premières règles avant 12 ans, voire dès sept ans, ont plus de risques de connaître des symptômes dépressifs à l’âge adulte et des comportements « antisociaux » à l’adolescence.
Après avoir suivi 8.000 femmes de la puberté jusqu’à l’aube de leur 30 ans, trois chercheuses américaines ont constaté que celles qui avaient eu leurs premières règles à l’âge de 12 ans ou plus jeunes avaient plus de risques de connaître des symptômes dépressifs et des comportements « antisociaux » et ce, plus de dix ans après l’adolescence.
Les participantes suivies dans le cadre de l’étude ont eu leurs premières règles en moyenne à l’âge de 12 ans, tandis que 19% ont passé ce cap à l’âge de 11 ans, 7% à dix ans et 1% à sept ans.
Sans établir un lien direct entre puberté précoce et apparition d’une dépression ou de comportements transgressifs chez les adolescentes, les chercheuses avancent que la puberté précoce constitue cependant un facteur de risque parmi d’autres et devant être pris en considération. L’étude évoque des pubertés précoces pouvant apparaître dès huit ou neuf ans.
« Si votre enfant se développe plus tôt que les autres, il est important de porter plus d’attention à son ressenti et à son comportement afin d’envisager d’éventuels traitements (psychothérapie ou médicaments) et de prévenir des problèmes pouvant se manifester plus tard« , conseille aux parents Ellen Selkie, psychologue pour adolescents ayant écrit un texte accompagnant l’étude.
Le bouleversement hormonal lié à une exposition aux oestrogènes de façon précoce pourrait expliquer un risque plus élevé de dépression chez les jeunes femmes, suggèrent les chercheuses, qui font également le lien entre le sentiment de se sentir différente qu’éprouvent certaines filles et les changements physiques et la fragilité psychologique accompagnant la puberté.
Plus globalement, la puberté précoce, multifactorielle, qui touche de plus en plus de petites filles, serait liée au développement de maladies à l’âge adulte, parmi lesquelles le diabète gestationnel.
À noter que les perturbateurs endocriniens (pesticides, phtalates, bisphénol A…) sont soupçonnés d’être impliqués dans certains troubles comme l’obésité, le diabète et la puberté précoce.
En France, 1.173 nouveaux cas de puberté précoce par an ont été dénombrés entre 2011 et 2013 chez les filles, d’après les premières données nationales présentées dans le cadre des Rencontres Santé publique France à Paris en mai dernier.
Sources :
Age at Menarche, Depression, and Antisocial Behavior in Adulthood – Jane Mendle, Rebecca M. Ryan, Kirsten M. P. McKone – Pediatrics Dec 2017 (accessible en ligne)
When Age-Based Guidance Is Not Enough: The Problem of Early Puberty – Ellen Selkie – PediatricsOnline