Le suicide d’un proche


Le suicide d'un proche, c'est une multipeine pour ceux qui restent

C’est un sujet douloureusement humain, qui préoccupe évidemment la psychiatre (et l’humaine) qu’est Aurélia Schneider.

Texte d’Aurélia Schneider :

« Chère Olivia de Lamberterie, j’ai la chance de vous voir « en vrai », mais j’avais, comme beaucoup d’entre nous, aperçu votre belle âme au travers de votre livre magnifique.

Je dois dire que je suis intimidée de parler de ce sujet devant vous qui avez vécu ce drame… de l’intérieur… La perte d’un proche, c’est un impitoyable « avant-après ». On s’en sort douloureusement, comme on peut. Le suicide c’est aussi cela, mais en pire.

Dans votre livre, Olivia, vous dites finement « c’est mot compte triple », comme au Scrabble. Oui. Pour ceux qui restent, c’est la multi-peine : 

– On perd quelqu’un qu’on aime   – On se reproche de n’avoir rien vu venir   – On se culpabilise de n’avoir pas été suffisamment présent à ses côtés

On est écrasé par un sentiment d’impuissance. On a honte, on s’isole. On est en colère envers le disparu et nous mêmes, ce qui accroît notre culpabilité. On ne comprend pas pourquoi cet être si proche a choisit de disparaître alors que l’on s’aimait tant.

En plus, nous sommes constamment en quête de sens à donner à notre vie, et quand certains choisissent de l’abréger, cela remet tout notre système de valeurs en question. Les facteurs impliqués dans le risque suicidaire sont multiples, et de nombreuses études ont montré que la majorité des personnes qui se suicident souffrent de dépression au moment de leur geste.

Environ 20% d’entre nous connaîtront un état dépressif au cours de notre vie. C’est beaucoup. Nous sommes en quelque sorte des « funambules » qui marchons sur le fil d’un équilibre fragile, entre nos pensées positives et nos pensées négatives. Lorsque nous sommes déprimés, nous sommes envahis par la tristesse. Quand la vie n’a plus de sens, que l’on se sent exclu, la détresse psychique devient intense et les idées suicidaires sont fréquentes. Et on appelle cela la douleur morale. À son paroxysme, la douleur morale est une expérience insupportable, à comparer à la pire des douleurs physiques, celle qui nous broie le corps ou le crâne et qui appelle la morphine.

Cet état de souffrance émotionnelle majeure sous tend en général le geste suicidaire. Car on ne réfléchit plus, on veut que cela s’arrête, par tous les moyens.

Or cette souffrance nous empêche d’accéder aux voies du raisonnement, situées dans notre cerveau, au niveau du cortex orbitofrontal.

Il n’est donc pas si sûr que le suicide soit un choix si l’on considère que les circuits du raisonnement et de la prise de décisions rationnelles sont bloqués.

Heureusement, depuis quelques années, notre pays a pris conscience de l’ampleur du problème, organise une prévention active du suicide et un soutien des proches. Pour ces endeuillés particuliers, une des difficultés est d’arriver à décoller cette étiquette et de continuer, chacun à sa façon, de rendre hommage à toute la vie de celui qui a disparu.

Après des heures très sombres, Fatima, une de mes patientes, revit. Elle m’a autorisée à partager ses paroles :

La vie est une parenthèse qui peut se refermer à tout moment. Ce qui compte c’est ce que l’on y met ; mes enfants me rappellent que je laisserai grâce à eux la plus belle trace qui puisse exister dans cette parenthèse. Merci à mes proches d’être là… il faut savoir s’entourer car bien accompagné on va plus loin dans le bonheur.

Alors cher Ali, de quel sujet fondamental parlerons nous une prochaine fois ? De l’amour peut-être, à saupoudrer alors généreusement , chacun et chacune, dans nos singulières parenthèses de vies. 

 

Franceinter

 

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