Les Anglais ont débarqué. N’est-elle pas fabuleuse, cette expression ? Elle en dit long sur un silence, un malaise : les règles, on n’en parle pas. Eh bien si, je vous parle menstruations à l’heure du petit dej’ et n’ai pas l’intention de m’excuser. Ce tabou, je vous rassure, n’est pas franco-français, il est planétaire. Allez jeter un œil à une série documentaire intitulée « des filles et des règles ». Cette série d’Hélène Seingier et Claire Leproust est disponible gratuitement sur le site TV5 Monde Plus, offre francophone de vidéo à la demande. Il y a cinq épisodes, qui durent une dizaine de minutes chacun et prennent la forme d’une discussion Whatsapp, en vidéo, entre quatre jeunes femmes : une en France, une au Maroc, une au Sénégal et une au Canada : Juliette Loiseau, Maha Hasnaoui, Fatima Rassoul Beye et Sandra Sirois.
Clichés et superstitions
La discussion porte notamment sur les clichés et les croyances les plus absurdes en matière de règles. En France, vous le savez peut-être, on dit qu’une femme qui a ses règles ne doit pas faire de mayonnaise sous peine de la rater… Cette histoire de mayo fait hurler de rire la Canadienne ! Et il y a de quoi. Mais en matière de tabou, elle reconnait que si les lignes bougent enfin, c’est surtout grâce aux plus jeunes.
Précarité menstruelle
La parole se libère enfin, mais le chemin est encore long avant que le sujet ne suscite plus aucune gêne. Cette série accomplit une mission salutaire, en parlant de tout. L’arrivée des premières règles, les coutumes et usages autour de cet événement. La douleur, qui est souvent tue ou minimisée. Le syndrome prémenstruel, qui peut donner lieu à une grande irritabilité et des symptômes dépressifs. L’endométriose. Il est question aussi des différentes protections, de la composition souvent problématique des tampons et serviettes, de la coupe menstruelle. Chacun de ces thèmes est l’occasion d’un état des lieux en Europe, en Afrique, en Amérique. Et c’est sur l’accès aux protections périodiques qu’il y a de quoi être le plus choqué. L’Écosse, récemment, a fait un pas de géant contre la précarité menstruelle, en rendant gratuites les protections périodiques. Chapeau, les Écossais !
Règles politiques
Autre motif de colère : l’impureté. Le mot revient partout, tout le temps. Une femme qui a ses menstruations serait impure. Les religions, en la matière, ont fait un joli travail de sape. C’est l’un des socles de la domination masculine. La publicité n’est pas en reste. Je vous rappelle qu’en France, pendant longtemps, le sang des règles était bleu ! Il a fallu attendre 2018 pour qu’il soit rouge. Faut-il en rire ou en pleurer?
Moi qui suis concernée par ce sujet, comme la moitié de l’humanité, j’ai appris plein de choses en regardant cette série documentaire. Je ne saurais donc trop la conseiller à tous les garçons et à tous les hommes qui nous écoutent. Il est urgent de changer les regards. Et de réaliser que les règles sont politiques.
« Des filles et des règles » : 5 épisodes, à voir sur le site « TV5 Monde Plus ».