Même harcelé(e), il faut venir travailler


Par Tiphaine Thuillier

S'estimer victime de harcèlement sexuel au travail n'est pas un motif légitime pour disparaître sans prévenir.

Ne prenez pas la fuite sans explications parce que vous êtes victime de harcèlement, ça pourrait se retourner contre vous.

Votre quotidien professionnel ressemble à un enfer depuis que ce collègue pervers a déboulé dans l’entreprise. Remarques salaces récurrentes, attitude ambiguë, pression constante, dénigrement… Vous redoutez de vous retrouver seul(e) avec cette personne toxique et, manque de chance, ça vous arrive à peu près tous les jours. Le harcèlement, qu’il soit sexuel ou moral, engendre des atmosphères de travail insupportables. Un matin, la boule au ventre, vous réalisez qu’affronter cette personne est au-dessus de vos forces et décidez de rester chez vous.

REPORTAGE >> Harcèlement sexuel à La Poste : « Grâce à ses collègues, elle n’a pas été violée »

La politique de la chaise vide semble, à première vue, l’option qui vous protégera le mieux. Après tout, le code du travail prévoit bien un droit de retrait (article L4131-1). Un salarié peut quitter son poste « s’il a un motif raisonnable de penser [qu’une situation] représente un danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ». Problème : même lorsque le harcèlement (moral ou sexuel) menace l’intégrité physique du ou de la salarié(e), le droit de retrait n’est pas adapté à ce cas précis.

La définition légale induit en effet une notion d’imminence, qui doit être constatée objectivement. Si le toit menace de s’effondrer sur votre tête, votre employeur peut le voir immédiatement. Mais si vous subissez une situation de harcèlement de la part de votre N+1, il lui sera bien plus difficile de s’en rendre compte avec certitude, en prenant par exemple l’auteur en flagrant délit. Un droit de retrait mal utilisé ou mal justifié – car vous devez toujours étayer les raisons pour lesquelles vous partez – peut se retourner contre vous. Prudence, donc.

ET AUSSI >> « Elle subit un harcèlement sexuel, le dénonce et est licenciée pour faute grave… »

Premier réflexe: consulter un médecin

Si vous jugez la situation intenable, la première chose à faire est de consulter votre médecin. Dans l’immense majorité des cas de harcèlement, les victimes sont dans un état de détresse psychologique tel qu’un généraliste peut parfaitement prendre des mesures d’urgence. Il rédige un arrêt de travail qui justifie l’absence et évite que vous vous retrouviez en tort.

LIRE AUSSI >> Quand les médecins du travail sont sur le banc des accusés

Il faut également informer l’employeur et, s’il y en a, les délégués du personnel. Ces derniers peuvent lancer une procédure d’alerte qui poussera le chef d’entreprise à mener une enquête. Si votre entreprise ne compte aucun élu, vous pouvez prévenir l’inspection du travail.

Il existe aussi une autre issue, plus stressante et plus radicale : la prise d’acte. Mais il faut dans ce cas que vous soyez prêt(e) à quitter votre emploi sur le champ ! Si vous avez des reproches graves à adresser à votre employeur, et qu’ils empêchent selon vous le bon déroulement de votre contrat de travail, vous pouvez rédigez une lettre recommandée dans laquelle vous prenez acte de sa rupture, avant d’attaquer l’entreprise aux prud’hommes, étape obligatoire.

ENQUÊTE >> Le harcèlement sexuel au travail, un tabou pour les prud’hommes

L’effet est immédiat et vous sortez des effectifs dans l’instant. Il ne s’agit pas d’une démission, mais d’une action d’urgence définitive en cas de problème grave. Avant de déclencher cette bombe atomique, vous devez, bien entendu, être en mesure de prouver les griefs reprochés et tenir à disposition les documents nécessaires. Sous peine de déchanter très vite. »Si les manquements ne sont pas considérés comme suffisamment établis, le conseil des prud’hommes peut requalifier cette prise d’acte en démission, prévient l’avocate Maï Le Prat qui conseille employeurs et salariés. Et là, vous n’aurez droit à rien et l’employeur risque même de vous demander de lui verser des indemnités. »

Vous avez un Avis à donner ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pour information

Les articles qui sont présentés sur le site sont une sorte de bibliothèque de sujets que j’affectionne particulièrement et qui sont traités dans différents média et mis à votre disposition. Cela pourrait s’appeler « Revue de Presse », mais c’est plus que cela, vous trouverez également des contenus bruts (Vidéo, recherches scientifiques, émissions de radio, …).

Je ne suis pas l’auteur de ces articles, en revanche, les auteurs, les sources sont cités et les liens sont actifs quand il y en a pour que vous puissiez parfaire votre information et respecter les droits d’auteurs.

Vous pouvez utiliser le moteur de recherche qui se situe en dessous et utiliser des mots clés comme alcool, dépression, burn out, … en fonction de votre recherche. Ainsi vous trouverez différentes publications, « articles » qui ont attiré mon attention.

Très bonne lecture.