Maux de dos, perte de cheveux : ces maladies secondaires qui ont émergé pendant le Covid-19


Des patients fatigués, stressés, inquiets : les médecins généralistes reçoivent aujourd’hui dans leurs cabinets les effets collatéraux du confinement et de l’anxiété liée à la crise du Covid-19. Ils savaient qu’il y aurait un prix à payer, mais ne pensaient pas qu’autant seraient touchés.

Dans cette rue populaire du XIIe arrondissement de Paris, Lucie Imbert est une vigie. De mars à avril, cette médecin généraliste a reçu beaucoup de patients contaminés et, aujourd’hui, elle constate une recrudescence des effets secondaires. « Le dernier patient juste avant que vous arriviez, il faisait du travail à domicile (ce qui n’est pas la même chose que le télétravail) », raconte-t-elle. « Ça veut dire pas de bureau ni de chaise adaptée, il y a des positions qui sont douloureuses », constate Lucie Imbert qui dénombre beaucoup de lombalgie ou de tendinites, notamment aux poignets.

« Je me suis retrouvée avec des plaques d’eczéma alors que je n’en avais jamais fait de ma vie et surtout un trou dans le crâne », témoigne une autre patiente, Marie. Un trou, c’est à dire une perte de cheveux, brutale : « Du jour au lendemain, mon mari a découvert ça. Moi, je me suis mise face à une glace et j’ai vu en effet un trou, un trou blanc et donc c’était un gros coup de massue. »

Ça a été tellement violent que je me doutais bien qu’il y allait avoir des répercussions, mais je ne savais pas trop de quelle nature.

La docteure Imbert note, parmi ses patients, quatre cas d’alopécie à savoir trois femmes et un jeune externe en médecine qui était sur le front du Covid-19.

Des parents inquiets, des enseignants stressés

Lucie Imbert reçoit aussi des parents inquiets comme ce couple dont l’enfant s’est mis subitement à bégayer. « Ça prend la forme de blocages, de répétitions de syllabes, jusqu’à ce que quelquefois, l’enfant puisse lui même s’en agacer et se mettre en colère », raconte Hélène Girard, orthophoniste.

« C’est à dire que l’enfant est en train tranquillement de vous parler de sa petite voiture. Et tout à coup, les syllabes se répètent et quelquefois, le mot ne peut même plus venir. Ce qui m’étonne beaucoup et ce qui est nouveau pour moi, c’est ce langage quand même élaboré, avec un bon lexique, une bonne communication et vraiment un bégaiement net et présent de façon indubitable. »

Je ne peux pas mettre de côté l’idée que le confinement a eu un effet sur la parole des enfants.

Confinement puis déconfinement, la gestion quotidienne a été particulièrement lourde pour Sophie, directrice d’école. Elle aussi se retrouve chez le médecin : « Je suis très fatiguée. J’ai appelé le docteur pour avoir un petit truc pour me détendre parce que j’étais stressé. Le retour progressif des élèves à l’école a été assez compliqué parce que c’est hyper stressant. On fait, on refait, on défait… Je ne fais plus de pédagogie ni d’interventions auprès des élèves. Donc on a tout un travail monumental qui est toujours dans l’urgence. » Elle raconte également avoir « récupéré des collègues » dans « un état de stress à l’idée de reprendre ».

Si la plupart des adultes retrouvent un peu de sérénité, il y a aussi les autres : « Une partie des gens sont affolées à l’idée de voir des gens sans masque dans la rue. Pour eux, Covid égale mort. Pour vous dire, j’ai même un patient qui a posé son dossier médical à mon sol de peur d’être contaminé sur mon bureau », relate Lucie Imbert.

Elle se veut d’ailleurs rassurante sur l’état de l’épidémie : elle n’a pas vu de cas de Covid-19 depuis huit semaines dans son cabinet. « Est-ce qu’on ne devrait pas recommencer une vie ? » Même avec quelques effets secondaires, qui dureront sans doute encore un peu…

 

FranceInter

 

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