Le pouvoir de la gratitude


Par Tania Araman

gratitude

Merci :

ce petit mot pourrait bien vous changer la vie. Cultiver un sentiment de reconnaissance aurait des effets importants et durables sur le bien-être.

Selon les chantres de la psychologie positive, cultiver un sentiment de reconnaissance aurait des effets importants et durables sur le bien-être, diminuerait l’anxiété et offrirait même une arme supplémentaire contre la dépression.

«Se prêter à l’exercice de la gratitude est une manière d’appréhender la vie avec une nouvelle paire de lunettes, confirme Rébecca Shankland, maître de conférences en psychologie à l’Université de Grenoble- Alpes (F) et spécialiste de la thématique. Nous avons plutôt tendance à percevoir ce qui ne va pas, ce qui menace notre confort physique ou affectif. Sans occulter les événements négatifs que nous rencontrons, il s’agit de rediriger notre regard sur les aspects plus satisfaisants de notre existence, comme le geste bienveillant d’un collègue ou le coup de fil d’un ami, et de développer ce qu’on appelle notre orientation reconnaissante.»

En remerciant systématiquement ceux qui nous entourent?

Pas forcément. «Dire merci n’équivaut pas tout à fait à éprouver de la gratitude. Certes, la politesse permet de maintenir des relations sociales cordiales, mais on se rend très vite compte quand quelqu’un n’est pas sincère et cela peut devenir contre-productif. Il convient de remercier avec le cœur, soit en se connectant à l’émotion de reconnaissance.»

Il convient de remercier avec le cœur, soit en se connectant à l’émotion de reconnaissance

Rébecca Shankland

Votre chef vous complimente sur le dossier que vous venez de rendre? Votre conjoint vous concocte, à l’improviste, un dîner romantique? Votre frangin, ayant remarqué votre petite mine au dernier repas de famille, appelle pour prendre de vos nouvelles? «Demandez-vous pourquoi ces attentions vous touchent autant, conseille Rébecca Shankland. Si vous saisissez vraiment le sens que prennent ces gestes, votre merci sera plus authentique et augmentera la qualité de la relation, la confiance qui vous unit, le sentiment de proximité sociale.» Et d’insister également sur l’importance du merci pour celui qui le reçoit: «On lui reconnaît les efforts fournis et l’intention altruiste. Cela accroît la satisfaction et l’estime de soi.»

Une faculté qui s’apprend

Pour développer cette orientation reconnaissante, rien de plus simple (ou presque): il suffit de l’entraîner au quotidien. «Par exemple en se concentrant sur les petites choses qui redonnent de la saveur à l’existence, comme un simple coucher de soleil. Ainsi, on apprend à percevoir ce qui génère chez nous de la gratitude. On peut même en venir à se sentir reconnaissant envers la nature et incidemment, à en prendre davantage soin.»

Autre conseil :

partir d’un objet, comme un stylo ou une feuille, et visualiser toutes les personnes qui ont permis de nous en servir aujourd’hui: celles qui l’ont fabriqué, celles qui l’ont vendu, celles qui nous ont appris à écrire, etc. «Cette pratique aide à prendre conscience que nous devons notre confort aux efforts de nombreuses autres personnes, sans qui la vie serait beaucoup plus difficile. Cela suscite souvent un sentiment de reconnaissance.»

On peut même en venir à se sentir reconnaissant envers la nature et incidemment, à en prendre davantage soin

Rébecca Shankland

Enfin, pourquoi ne pas commencer un journal de gratitude? «C’est l’une des pratiques qui entraîne le plus de bénéfices, relève Rébecca Shankland. Robert Emmons et Michael McCullough, pionniers américains des recherches sur le sujet, ont montré qu’en tenant régulièrement un journal durant deux semaines seulement, on augmentait son bien-être de manière considérable pendant plusieurs mois.»

Le principe ?

Chaque soir ou chaque fin de semaine, réfléchir aux événements que l’on a vécus et noter toutes les choses pour lesquelles on éprouve de la gratitude, qu’il s’agisse d’une conversation géniale avec sa meilleure amie, d’un film particulièrement réussi, des progrès de son petit dernier à l’école, du paysage idyllique que l’on a admiré en montagne ou encore du fou rire que l’on a partagé avec ses collègues. «Cela aide à mieux orienter notre attention sur ce qui s’est bien passé, sur ceux qui nous ont aidés. Au final, notre confiance en nous et en les autres s’en trouve augmentée, de même que notre optimisme, notre vitalité et notre sentiment de satisfaction envers la vie.»

 

Soins palliatifs : La gratitude en fin de vie

Au-delà du développement personnel, le sentiment de reconnaissance pourrait bien trouver son utilité en milieu clinique. Docteur en psychologie et responsable de recherche au Service de soins palliatifs et de support du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV), Mathieu Bernard en est convaincu. «Le lien entre la gratitude et des indicateurs essentiels en milieu clinique comme la qualité de vie a déjà pu être mis en évidence», souligne-t-il.

Son idée ?

Transposer un exercice basé sur la gratitude dans le contexte de la fin de vie. «À cette période, le lien avec les proches a une influence sur la qualité de vie et participe aussi à donner du sens à la vie. En tant qu’émotion orientée vers l’extérieur, les recherches ont montré que de pouvoir l’exprimer améliore à la fois son propre bien-être et la qualité de la relation.»

Dès cet été, une étude pilote, financée par l’Académie suisse des sciences médicales, sera lancée au CHUV avec l’Hôpital cantonal de Fribourg et la Fondation Rive-Neuve. Des patients palliatifs seront invités à rédiger une lettre de reconnaissance à leurs proches et réciproquement. «Cette intervention psychologique, assez simple à mettre en place – ce qui est capital vu la fragilité des patients en fin de vie – est loin d’être anodine: les participants sont amenés à réfléchir, puis à exprimer par écrit leurs sentiments et enfin à les partager. Une porte peut ainsi s’ouvrir.»

Migros Magazine

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