Comme tout désir, le désir sexuel semble d’abord être le désir d’un plaisir particulier. Mais approcher le désir sexuel sous l’angle du plaisir c’est faire fausse route. Parce que la singularité du désir sexuel, c’est d’être le désir d’une personne en particulier : de cet homme-là ou de cette femme-là.
C’est pour cette même raison que le désir sexuel n’est pas non plus le simple désir d’un autre corps
Parce que si je désire seulement un corps, je rate la personne qui habite ce corps.
Et pourtant c’est bien à travers le corps de l’autre qu’il me faut désirer telle ou telle personne. N’est ce pas alors que le désir sexuel est le désir de ce qui, dans le corps de l’autre, échappe pourtant à ce corps ? N’est-ce pas pour cela qu’il ne suffit pas de « faire l’amour » pour éteindre ce désir ? N’est-ce pas pour cela qu’il se renouvelle et s’enrichit même à mesure que celui que je désire consent à ce désir et me désire à son tour ?
Alors, ce que je désire au fond quand je désire l’autre, n’est-ce pas justement la possibilité et donc la liberté que l’autre a de consentir à ce désir ?