Par Franceinter

Extraits des réponses données au micro d’Ali Rebeihi dans « Grand bien vous fasse » par le psychopédagogue Bruno Humbeeck, l’infirmière puéricultrice Anne Lucas, et Héloïse Lhérété, rédactrice en chef à « Sciences humaines ».
L’attachement, un mécanisme vital
Bruno Humbeeck :
Ce n’est pas un hasard si les bébés sont mignons.
Il ajoute : « La nature ne fait rien par hasard : les bébés sont mignons parce qu’ils doivent stimuler l’attention de quelqu’un qui doit leur accorder des soins sinon ils ne survivraient pas ».
En pleurant, le bébé exprime des besoins : il a faim, il a froid, il a besoin de contacts physiques. L’adulte qui est là y répond, n’y répond pas, ou y répond mal. C’est à partir de là que, petit à petit, vont se construire les modèles internes opérants, c’est-à-dire des manières d’aimer et de se représenter par rapport aux autres.
« On peut les retravailler à toutes les époques de sa vie » précise Bruno Humbeeck : « ça va dépendre aussi des rencontres qu’on va faire, notamment avec les tuteurs de résilience, des personnes qui vont nous amener à repenser la manière dont on subit l’attachement et dont on se vit dans l’attachement ».
Quelles sont les grandes figures d’attachement ?
Il y a une figure principale et des figures auxiliaires.
La figure principale est souvent (mais pas forcément) la maman. C’est la personne de référence pour l’enfant, celle vers laquelle il sait qu’il va pouvoir se tourner quand il se sentira en détresse. « Elle peut être défaillante » précise Bruno Humbeeck, « certaines mamans doivent s’autoriser à être défaillantes, pas des mamans parfaites qui développeront systématiquement l’attachement sécure chez l’enfant ».
Les figures auxiliaires, ce sont les grands-parents, les parrains, les marraines, les grands frères et sœurs, mais aussi les enseignants, des éducateurs, des moniteurs de sport. « On en croise tout au long de sa vie » souligne Héloïse Lhérété.
À chaque rencontre significative que l’on fait, on trouve des outils pour se forger une sécurité intérieure, pour avancer, apprendre à aimer, à aider, à demander de l’aide et à tricoter son bonheur et celui des autres.
Et les grands-parents, quel est leur rôle ?
Bruno Humbeeck : « Il est important de ne pas trop mettre la pression sur les mamans, sur les parents. Tout se passe autour du couple conjugal qui se met une pression pédagogique intense. Il est important qu’il y ait d’autres figures d’attachement, ce qu’on appelle l’amour sucré. Des grands parents qui se contentent d’aimer mais de manière uniquement positive, parce qu’ils ont moins ce rôle structurant (qu’on leur donnait d’ailleurs dans des générations antérieures), ce qui permet à l’attachement de se réaliser sans qu’il y ait cette idée qu’il faut nécessairement structurer les choses ou cadrer les développements ».
Anne Lucas : « Les grands-parents sont des figures d’attachement importantes, qui peuvent prendre beaucoup de place chez l’enfant. C’est aussi la possibilité pour l’enfant de tisser un autre attachement que celui qu’il a avec ses parents et qui est parfois tout aussi bénéfique – de la même manière qu’un oncle, une tante, une marraine… »
Evidemment, plus il y a de figures et plus c’est riche pour l’enfant qui grandit…
Héloïse Lhérété : « Les grands-parents sont aussi des références plus stables pour l’enfant, par rapport aux parents qui peuvent se séparer, qui peuvent travailler beaucoup, qui ont un enjeu éducatif fort… Eux sont là de manière assez inconditionnelle pour aimer et voir grandir leurs petits-enfants« .