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Elle ne le définit pas encore comme une maladie professionnelle, mais l’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère désormais que le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel est un « phénomène lié au travail ». Pour faire le point sur ce phénomène de société, le Magazine de la santé recevait Jean-Claude Delgènes, spécialiste des risques psycho-sociaux au travail, et co-auteur de « Idées reçues sur le burn out » (éditions Le Cavalier Bleu).
Le burn-out : un stress chronique mal géré
L’OMS vient de préciser la classification du syndrome d’épuisement professionnel en le caractérisant spécifiquement comme lié au monde du travail. Elle indique que le syndrome est lié à un stress chronique mal géré. Une avancée intéressante pour Jean-Claude Delgènes. « C’est la prise en compte par l’OMS de ce mal ambiant, que l’on constate dans tous les pays. Cette précision permettra à toutes les victimes de pouvoir monter des dossiers plus facilement et, certainement, de faire reconnaître leur condition comme maladie professionnelle. »
A noter, cependant, que l’OMS ne reconnaît pas encore le burn-out comme maladie professionnelle. Et le chemin vers cette reconnaissance risque d’être encore long. « Le texte ne s’appliquera qu’en 2022″, précise Jean-Claude Delgènes.
Qui sont les professionnels concernés ?
Le burn-out touche toutes les catégories sociales. « On a beaucoup parlé des policiers, des agriculteurs, des cadres, des professions libérales, des professionnels de santé, des patrons de petites entreprises… tout le monde est concerné », rappelle le spécialiste. Le point commun entre tous ces professionnels : des phases de récupération de plus en plus amoindries et le travail qui prend toute la place.
Quels sont les signes ?
Le burn-out est à la fois un processus et un état qui peut conduire à un effondrement. Cet effondrement peut prendre différentes formes, jusqu’aux plus dramatiques. « Le burn-out est un facteur prédictif de suicide, explique le spécialiste des risques psycho-sociaux au travail. La crise de suicidaire est une des conséquences. »
Avant d’en arriver à de telles extrémités, le corps s’exprime et envoie des messages d’alerte. La fatigue chronique est le premier d’entre eux. « Si après plusieurs nuits, on ne récupère pas et qu’on arrive épuisés au travail, c’est peut-être le signe qu’il y a une atteinte et qu’il faut lâcher prise, continue-t-il. Peuvent aussi apparaître des signes cutanés – comme de l’eczéma ou du psoriasis-, des troubles du sommeil, une perte ou une prise de poids. Il faut savoir écouter son corps pour pouvoir mettre le travail à distance. »
Les clés pour s’en sortir
Pour Jean-Claude Delgènes, c’est toute une organisation du travail qui est à revoir. « Il faut vraiment mettre en place des politiques de prévention. La décision de l’OMS participe de cela. Mais ça ne va pas encore assez loin : dans les entreprises et les services publics, il faut des exigences moins intenses. Il faut redonner du sens au travail et renforcer le collectif. »
Pour travailler mieux et sans y laisser sa santé, il faut travailler ensemble. « Quand on a un collectif qui est fort et que les gens ne sont pas isolés, c’est un facteur protecteur. » Un « management plus bienveillant et émotionnel » pour prendre « plus de plaisir au travail », est une autre clé pour ne pas laisser sa sante au travail, pour le spécialiste.