Le psychiatre Boris Cyrulnik revient sur les mécanismes psychologiques et neurobiologiques exceptionnels de sauvegarde qui se mettent en place lors du traumatisme.
« Si la mémoire est saine, elle est évolutive. » C’est par cette affirmation que Boris Cyrulnik débute sa conférence sur la mémoire traumatique. La mémoire d’un souvenir est évolutive, c’est-à-dire qu’elle change selon les âges et les contextes ; le trauma, lui, fige la personne dans le passé, le souvenir ne s’efface pas et se répète sans cesse. « La mémoire n’est plus saine« . Elle est figée dans le passé. Traumatisée, il n’y a donc plus de présent possible pour la personne.
Peut-on guérir de ses mémoires traumatiques ?
Selon Boris Cyrulnik, « si on ne peut pas guérir de sa souffrance, on peut en faire quelque chose, à condition de pouvoir en faire un récit. »
Lors de ma première naissance, je n’étais pas là. Mon corps est venu au monde le 26 juillet 1937 à Bordeaux. On me l’a dit. Je suis bien obligé d’y croire puisque je n’en ai aucun souvenir. Ma seconde naissance, elle, est en pleine mémoire. Une nuit, j’ai été arrêté par des hommes armés qui entouraient mon lit. Ils venaient me chercher pour me mettre à mort. Mon histoire est née cette nuit-là.
Une conférence enregistrée en 2013.
Boris Cyrulnik, neurologue, psychiatre et psychanalyste.