Par Emmanuelle Rey
Pour mieux accepter les voix, pourquoi ne pas tendre l’oreille ?
C’est avec ce pari, un peu en rupture avec la prise en charge traditionnelle de la schizophrénie, que Thomas Langlois, psychologue au centre hospitalier Gérard Marchant de Toulouse, s’est lancé dans le projet «Accept voices».
«Tout est parti d’une expérimentation en clinique. Nous voulions aider les patients atteints de schizophrénie à mieux gérer leurs hallucinations auditives («les voix»), d’autant que certains d’entre eux ne répondent pas aux traitements médicamenteux.
En 2014, à l’hôpital Marchant, nous avons voulu essayer des interventions dans des petits groupes de 5 à 6 patients, pour six séances d’une heure par semaine», explique Thomas Langlois qui a travaillé en parallèle avec le Mouvement des entendeurs de voix pour qui les voix sont l’expression d’événements douloureux qu’il faut entendre. «Il s’agissait de normaliser leur expérience singulière, de leur donner des clés (méditation de pleine conscience, thérapie d’acceptation, psychoéducation), de faire en sorte que ces six séances donnent un coup de pouce à leur vécu et des compétences pour faire face à leurs hallucinations.
Sur la douzaine de patients à qui nous l’avons proposée, l’intervention a montré des résultats intéressants : baisse des hallucinations et de la souffrance avec moins d’anxiété et de moins de dépression », résume Thomas Langlois qui s’est ensuite lancé dans une thèse de doctorat pour évaluer l’expérience de manière plus rigoureuse et plus scientifique. Une formation à la méthode a été proposée à 23 cliniciens (psychiatres et psychologues) qui la dispensent actuellement à une cinquantaine de patients recrutés dans 9 établissements de la région.
«Par manque de formation, par peur de mal faire et par manque de temps, les soignants délaissent cette part d’échanges avec les patients atteints de schizophrénie. Partager, échanger, c’est aussi une forme de déstigmatisation et une évolution des pratiques cliniques avec des thérapies non-médicamenteuses », conclut Thomas Langlois.
Les résultats de l’étude «Accept voices» sont attendus pour juin 2019.
Le chiffre : 70 %
hallucinations > auditives. Environ 70 % des patients souffrant de schizophrénie sont concernés par les hallucinations auditives. Malgré la prise de médicaments, pour 30 % d’entre eux, ces «voix» résistent.
9 établissements
L’étude «Accept Voices» se déroule pendant deux ans dans 9 centres de l’ancienne région Midi-Pyrénées. Promue par le CHU Purpan (le Dr Axel Bourcier en est le coordinateur), elle est menée par Thomas Langlois, psychologue au centre hospitalier spécialisé Gérard Marchant.
Sa thèse en psychopathologie (faculté de psychologie de Toulouse 2 Jean-Jaurès) est soutenue par l’association française de thérapie comportementale et cognitive. Cette recherche a reçu l’avis favorable du Comité de Protection des Personnes.
2 comments on “Schizophrénie : la thérapie de groupe face aux hallucinations auditives”
sophie
5 novembre 2022 at 08:46Je voudrai apporter mon témoignage… mon frère qui entendait parfois des voix une personne de son voisinage s’en est rendu compte et c’est mis à la harceler en parlant dans un tuyaux. En lui disant des phrases méchantes et courtse à des heures fixes.
Il s’avairai que c’était une personne du 1er (mon frere etait au 3eme) et qu’il entendait par la tuyauterie.
Il y a eu une enquete discrete et la personne a été démasqué.
Aux personnes qui ont peur de cette maladie merci d’évoluer.
C’est comme pour l’autisme, il y en a qui sont légé qui conduise et travail d’autre plus lourd.
Merci de respecter la différence des gens et d’etre bienveillant plutot que haineux.
Sophie.
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