La psychologie positive, la science du bonheur


Par Aurélie Tanous

image article

Et si au lieu de se concentrer sur les maladies mentales et autres troubles, la psychologie s’intéressait plutôt au fonctionnement optimal de l’individu en prenant comme point de départ son bien-être ? C’est le principe de la psychologie positive, un courant né aux États-Unis à la fin des années 90.

Pour Martin Seligman, président de l’association américaine de psychologie et pionnier de la Psychologie Positive (PP), le constat est sans appel : depuis l’avènement de la psychologie moderne il y a un siècle, la santé mentale se résume à la réduction des troubles neuropsychiatriques. Dans cette définition, l’être humain apparaît comme la résultante de conflits essentiellement liés à l’enfance, de pulsions ainsi que de forces biologiques qu’il ne contrôle pas. Pour s’en sortir et aller de l’avant, il doit surmonter et digérer tous ces obstacles. Or, selon Martin Seligman, il est tout aussi important de s’intéresser à l’autre versant des choses, celui du fonctionnement optimal de l’individu, non plus uniquement les différentes maladies psychologiques qui peuvent l’affecter. Dans son introduction à la PP, le chercheur en psychologie raconte avoir réalisé que l’on pouvait “passer à côté de sa vie si l’on n’entraînait pas son esprit à percevoir ce qu’il y a de gratifiant et de joyeux plutôt que de se concentrer seulement sur les difficultés”. Il ajoute que le rôle de la psychologie scientifique devrait être d’aider chacun à trouver cet équilibre vers le positif. La PP prend donc comme point de départ le bien-être de la personne. “Elle s’intéresse à ce qui rend les gens heureux”, explique le psychiatre David Servan-Schreiber. Ce qui lui a valu le surnom de science du bonheur. L’idée ? Se concentrer sur les petits moments de joie du quotidien plutôt que sur les difficultés. Plus facile à dire qu’à faire diront certains…

Psychologie positive VS pensée positive ?

Malgré leur adjectif commun, la pensée positive et la psychologie positive sont deux concepts complètement différents. Comme l’explique Yves-Alexandre Thalmann, psychologue scientifique, dans son ouvrage “Les Fabuleux pouvoirs de la psychologie positive”, “si les deux visent l’épanouissement personnel et le bonheur, elles préconisent pourtant des chemins distincts pour y accéder”. En effet, là où la pensée positive promet l’obtention de ce que l’on souhaite – elle s’inscrit donc dans une logique de manque – à travers la visualisation et les formulations positives, la psychologie positive nous invite à apprécier ce que nous possédons déjà.

Par ailleurs, des travaux réalisés sur le terrain ont démontré que si Loi de l’attraction et pensée positive fonctionnent effectivement, nous ne serons pas forcément plus heureux une fois obtenu ce que nous désirons. D’une part parce que nous avons tendance à surestimer le lien entre l’obtention de ce que l’on souhaite et le bonheur qui en découlera. D’autre part parce que notre cerveau est conçu pour s’adapter à ce qui arrive, si bien qu’après quelque temps, les nouvelles circonstances sont assimilées et deviennent la normalité. “D’une façon générale, nous nous adaptons aux choses plaisantes, si bien que le plaisir éprouvé tend à diminuer avec le temps. Les psychologues positifs ont baptisé ce mécanisme adaptation hédonique, en lien avec ce que les personnes toxico-dépendantes connaissent toutes : la même quantité de substance procure de moins en moins d’effets (il y a accoutumance)”. Les techniques de visualisation et les formulations positives ne sont pas à rejeter pour autant. Elles peuvent jouer un rôle important dans notre bien-être “non pas en nous permettant de combler nos désirs, mais en occupant notre esprit et en focalisant notre attention sur des éléments constructifs {…} C’est alors davantage leur pratique régulière que les résultats obtenus (ou non) qui sont déterminants”.

Les stratégies du bonheur

La PP a permis d’identifier certains comportements qui augmentent le bien-être de manière efficace. Ceux-ci s’articulent autour de quatre grands thèmes : la gratitude, la générosité, les plaisirs du quotidien et l’optimisme.

La gratitude : selon Yves-Alexandre Thalmann, il apparaît que les personnes qui expriment régulièrement leur gratitude à autrui ou la consignent dans un journal voient leur bonheur augmenter. “Non seulement la gratitude fait du bien à celui qui l’éprouve, mais elle nourrit également celui qui la reçoit. Le destinataire voit en effet son besoin de reconnaissance momentanément comblé, en plus d’être valorisé pour ce qu’il est ou ce qu’il a fait {…}”.

La générosité : elle s’accompagne d’émotions agréables et nourrit une image positive de celui qui la pratique. “Celui qui se montre généreux ne fait donc pas seulement du bien aux autres, il s’en fait aussi à lui-même. Ce bien-être est la récompense directe de son geste”.

Les plaisirs du quotidien : le psychologue hongrois Mihaly Csikszentmihalyi, figure de proue de la PP, nous incite à nous “inventer des activités qui soient vécues de façon aussi gratifiante que possible. Cela paraît simple, mais les habitudes et la pression sociale engendrent une telle inertie que les gens ne savent même plus distinguer ce qu’ils aiment faire de ce qui les fatigue et les déprime”. Pour lutter contre l’adaptation hédonique, la PP préconise de multiplier et de diversifier les petits plaisirs du quotidien.

L’optimisme : au sens psychologique du terme, il fait référence à une façon de considérer les événements par opposition au style pessimiste. Face à un échec, le style pessimiste va attribuer une cause à la fois propre (interne), stable (qui ne varie pas dans le temps) et général (qui s’applique à d’autres situations). Le meilleur exemple est la phrase “Je suis nul”. Or, dans ce genre de circonstances, il faudrait émettre des attributions externes, temporaires et spécifiques comme par exemple “je n’ai pas réussi ma chantilly parce que ma crème n’était pas assez froide”. Il ne s’agit pas non plus de rejeter la responsabilité de tous nos échecs et de s’attribuer tout le mérite pour les choses positives qui nous arrivent : “Certaines réussites nous incombent, alors que d’autres relèvent de la chance ou de l’intervention d’autres personnes, de même pour les échecs”, conclut Yves-Alexandre Thalmann.

Clicanoo

Vous avez un Avis à donner ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Pour information

Les articles qui sont présentés sur le site sont une sorte de bibliothèque de sujets que j’affectionne particulièrement et qui sont traités dans différents média et mis à votre disposition. Cela pourrait s’appeler « Revue de Presse », mais c’est plus que cela, vous trouverez également des contenus bruts (Vidéo, recherches scientifiques, émissions de radio, …).

Je ne suis pas l’auteur de ces articles, en revanche, les auteurs, les sources sont cités et les liens sont actifs quand il y en a pour que vous puissiez parfaire votre information et respecter les droits d’auteurs.

Vous pouvez utiliser le moteur de recherche qui se situe en dessous et utiliser des mots clés comme alcool, dépression, burn out, … en fonction de votre recherche. Ainsi vous trouverez différentes publications, « articles » qui ont attiré mon attention.

Très bonne lecture.