Harcèlement : connaissez-vous « Angela », nom de code pour signaler les relous dans les bars ?


Rouen, Caen, Amiens et Reims : dans plusieurs villes de France, des bars ont adopté « Angela », un nom de code permettant de signaler une situation inconfortable ou menaçante.

Un inconnu qui a un peu trop bu, aux regards trop appuyés, qui insiste pour “discuter”, devient “lourd” et parfois menaçant : dans les rues ou dans les bars, nombre de femmes ont déjà été confrontées à une telle situation. Pour l’empêcher, les établissements français adoptent progressivement, depuis deux ans, une technique importée de Grande-Bretagne : “Ask for Angela”, ou “demandez Angela” en français.

Un concept importé d’Angleterre il y a deux ans

Le principe : lorsqu’une femme se sent harcelée ou importunée, elle peut se rendre au comptoir d’un bar partenaire et demander “où est Angela”. Une manière discrète de prévenir les serveurs sans éveiller les soupçons d’un harceleur qui peut se tenir tout proche d’elle. Les barmans peuvent ensuite conduire la victime dans un endroit isolé du bar, lui proposer de charger son portable, d’appeler quelqu’un, de prendre un taxi ou de contacter la police. Ce nom de code a été lancé dans un pub du Lincolnshire, une région de l’Est de la Grande-Bretagne, en 2016. Il s’est ensuite répandu sur les réseaux sociaux à travers tout le pays.

C’est en 2017 que “demandez Angela” est arrivé en France, d’abord à Rouen, à l’initiative d’un collectif féministe étudiant. “Cela permet de montrer au harceleur que la victime n’est pas seule”, expliquait alors un responsable du collectif à France Bleu Normandie. D’autres villes ont suivi : Caen et Amiens mi-2019, et Reims tout récemment, en novembre. Les bars, restaurants et boîtes de nuit qui participent au dispositif affichent un autocollant à l’entrée de leur établissement.

« Angela » est-elle efficace ?

Quel bilan peut-on dresser, pour l’heure, de cette opération ? France Inter a contacté une vingtaine d’établissements partenaires à Rouen, la première ville à avoir adopté “Angela”, pour leur demander si des clientes avaient eu recours à ce nom de code.

Parmi ceux qui nous ont répondu, tous indiquent n’avoir “pas encore eu à le faire”. “Dans le cas contraire on aurait bien évidemment fait tout ce qu’il faut”, précise un établissement. “Si cela devait arriver, nous ferions tout notre possible pour venir en aide le plus rapidement possible, et je trouve que c’est une très bonne idée”, confirme Victoria, responsable du bar l’Européen. Plusieurs gérants indiquent être déjà venus en aide à des personnes, hommes ou femmes, qui s’étaient réfugiées dans leur établissement pour échapper à des harceleurs. Pour autant, en un an et demi, aucune demande pour « Angela » n’a été faite. “C’est difficile de percevoir la limite entre ‘il n’y a personne parce que personne n’a eu de relou’ et ‘il n’y a personne parce que les gens se sont réfugiés ailleurs’”, reconnaît Pierre-Jean, du bar Le QG des Avenjoueurs.

Un signe de sécurité avant tout

Malgré tout, ce dispositif n’est pas vain, estime Pierre-Jean, qui précise : “Pour la fête de la musique et les gros événements festifs (et alcoolisés), je mets toujours une publication sur Facebook pour rappeler qu’Angela existe et je reste tard dans mon bar au cas où. Ça n’a jamais servi à rien, mais vu à quelle vitesse l’info circule via les réseaux, je me dis qu’en cas de problème, les gens sont informés et que ça servira un jour.

Comme lui, plusieurs gérants d’établissements jugent qu’“Angela” trouve d’abord son utilité dans le simple fait d’exister. “Les clientes félicitent toutes cette initiative et elles nous disent qu’elles se sentent rassurées”, assure un établissement. “Ce dispositif sert, que l’on prononce ce prénom ou pas, à dire aux personnes en difficulté qu’elles peuvent se réfugier dans un établissement sans avoir peur d’être jugées. Qu’elles n’hésitent plus à entrer dans nos établissements pour demander de l’aide”.

D’autres initiatives « anti-relou » ont été lancées, avec plus ou moins de succès

Outre « Angela », plusieurs solutions pour lutter contre le harcèlement ont été testées en France. Citons notamment le « numéro anti-relous », lancé en octobre 2017… et fermé trois jours après, comme le raconte Libération. « Un relou veut absolument que tu lui files ton numéro ? Donne-lui le 06 44 64 90 91. S’il écrit à ce numéro, il recevra 1 h plus tard une gentille mise à jour sur le consentement ! » expliquaient les créateurs. Problème : le numéro a vite été désactivé, victime d’une campagne de harcèlement menée par des membres de forums internet, notamment le 18/25 de jeuxvideo.com.

"Si vous lisez ce message, c'est que vous avez mis une femme mal à l'aise. Si une femme vous dit 'non', inutile d'insister." Le SMS envoyé par le numéro "anti-relou"
« Si vous lisez ce message, c’est que vous avez mis une femme mal à l’aise. Si une femme vous dit ‘non’, inutile d’insister. » Le SMS envoyé par le numéro « anti-relou » © Maxppp / Roland Macri

Autre initiative, relatée par nos confrères de France Bleu Armorique. À Rennes, un bar gaming avait lancé, en janvier 2019, un « cocktail anti-relous » intitulé « l’oeil d’Horus », que l’on pouvait commander pour mettre la puce à l’oreille du barman. « Je cherchais quelque chose en rapport avec la protection. Et j’ai vu qu’en Égypte antique, l’oeil d’Horus était un symbole de protection qu’on offrait aux pharaons », racontait alors le patron du bar à France Bleu. Mais depuis, le bar en question a fermé ses portes.

Franceinter

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