D’après le dictionnaire Le Robert, « pleurer » est définit ainsi : « répandre des larmes sous le coup d’une émotion pénible ». Hors, souvent, au lieu de vouloir consoler la personne qui pleure (donc qui souffre), nous sommes mal à l’aise.
Un malaise fait d’interdit social et de préjugés culturels
Pour le psychiatre Francois lelord, on éprouve cette gêne face à quelqu’un qui pleure parce qu’on a soi-même intégré l’interdit de pleurer, surtout dans une situation professionnelle. Donc face aux pleurs, on se dit « oh, là, là le pauvre, il est dans la situation de se faire mal considérer … ».
Pour le philosophe Francis Metivier, l’interdit moral des pleurs en public viendrait même du fait que cela ennuie la personne en face. C’est pourquoi il ne faut pas pleurer avec n’importe qui, ou devant n’importe qui.
Le malaise peut provenir du fait qu’on a pu provoquer (volontairement ou involontairement) ces pleurs, et qu’on se retrouve incapable de les consoler. On voit une souffrance devant laquelle on est désarmé.
L’historienne Anne Vincent-Buffault remarque qu’on est souvent gêné par l’authenticité des larmes d’autrui. C’est ce qui pèse sur les larmes féminines. Jusqu’à il y a peu, on pensait que les femmes maniaient les larmes comme un chantage. Les hommes étaient très prévenus contre leurs pleurs, qui, comme disait Flaubert, pleurent pour obtenir un cachemire ou se faire pardonner une infidélité…
Le contre-exemple : les larmes d’Obama
En janvier 2016, Obama pleure sur la tuerie d’enfants de Sandy Hook de 2012 et sur son impuissance de n’avoir pu réformer les lois sur les armes. Il pleurait aussi sur lui-même. Sa larme est rare et classe. Mais on compatit surtout parce que comme disait Schopenhauer :
On a pitié de l’autre que si on a pitié de soi-même.
One comment on “Pourquoi est-on gêné par les larmes d’autrui ?”
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