Par Audrey Leblanc
«Il existe un lien entre le narcissisme et certains comportements observés sur les réseaux sociaux, mentionne d’entrée de jeu le professeur. C’est un trait de personnalité qui a deux facettes. D’un côté, il y a les gens qui adoptent des comportements grandioses, c’est-à-dire qui se mettent en valeur, qui rêvent au succès et à la gloire. D’un autre côté, il y a des gens plus vulnérables qui ont une faible estime de soi.»
La publication de «selfies» fait partie des comportements narcissiques grandioses. «On parle de grandiosité quand les gens font de l’autopromotion et se présentent sous leur jour le plus favorable, quitte à tricher avec des filtres et autres éléments qui peuvent les avantager», explique M. Gamache.
Dans leur quête du plus grand nombre de réactions, ces utilisateurs investissent également beaucoup de temps et d’énergie à surveiller le nombre de commentaires, de «j’aime» et de partages sur leurs publications.
«Il y a un effet addictif quand une personne reçoit beaucoup de «j’aime» pour ses publications. C’est comme une drogue. Chez certaines personnes, il se crée la même chose au niveau du cerveau que l’on retrouve pour d’autres dépendances comme l’alcool», indique le psychologue.
Selon ce dernier, les réseaux sociaux ne sont pas la cause de comportements narcissiques bien qu’ils constituent des outils simples, rapides et accessibles pour les personnes plus vulnérables.
Éducation et réflexion
On le répète souvent : la modération a bien meilleur goût. C’est aussi vrai en ce qui concerne l’utilisation des réseaux sociaux. Mais est-il possible pour les narcissiques de publier avec modération?
«Est-ce que c’est possible de demander à un alcoolique de boire avec modération? C’est comparable», répond simplement le professeur. À son avis, mieux vaut prévenir que guérir. «Il faudrait éduquer les gens sur les comportements sains et malsains en lien avec les réseaux sociaux», croit-il.
M. Gamache remarque que les utilisateurs de ces plateformes n’ont pas tendance à prendre un temps d’arrêt pour se questionner sur leurs motivations à mettre en ligne des moments de leur quotidien. Une pause qui serait pourtant bénéfique, considère le psychologue.