Dans l’émission Grand Bien vous fasse, Ali Rebeihi et ses invités, Jean-François Dortier sociologue et directeur de publications du magazine Sciences humaines, Laurence Devillairs, philosophe, et Christophe André, psychiatre, ont fait le tour de la question : qu’est-ce que réussir sa vie ?
Une vie réussie, ça n’existe pas ?
Mais pour la sociologue Laurence Devillairs, ce n’est pas si simple. Elle pense comme David Benatar, philosophe sud-africain que la vie ne vaut pas forcément la peine d’être vécue. Les mauvais aspects l’emportent sur les bons.Comme nous sommes condamnés à vivre une vie moyenne quoi qu’on fasse, le minimum est donc ne pas faire d’enfants. Schopenhauer ne disait pas mieux : la vie est une vallée de larmes. Le bouddhisme prône la vie comme souffrance. Dès que l’on sort de cette affirmation, qu’on propose de la consolation, c’est de la fausse monnaie. Il n’y a pas de voie pour sortir de la souffrance.
Penser que le bonheur n’existe pas est une vision dépressive
Pour le sociologue Jean-François Dortier, une vie réussie, c’est avoir un travail intéressant, un (ou une) conjoint(e) dont on est amoureux, une bonne santé, et un confort matériel correct. Seule ombre au tableau : vieillir est ennuyeux.
Pour Christophe André, vivre c’est naître, souffrir et mourir. Et voir souffrir les gens qu’on aime, fait partie des souffrances de la vie. Mais ce n’est pas que ça… « Vivre c’est souffrir et mourir » est quand même un discours de déprimé. Ce discours change dès lors qu’ils guérissent. Une vision plus optimiste de la vie n’est pas une illusion, mais un carburant
Il n’y a pas une recette miracle de vie réussie
Et on en recense au moins sept chemins :
- L’ici et maintenant. Une des voies de la réussite de la vie est de se dire : « Le bonheur c’est ici-bas ». C’est une formule épicurienne ; jouissive, une sorte de dolce vita. L’exemple aujourd’hui ce sont les … chambres d’hôtes qui offre une vie à la campagne amicale avec plaisir modéré.
- La voie stoïcienne qui lutte contre le malheur. C’est la voie de la guérison qui œuvre pour la tranquillité de l’âme mais distingue ce qui dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous, ce sur quoi nous ne pouvons pas agir.
- La voie de l’accomplissement, celle qui cherche à être soi-même. Souvent on se donne une perspective avec de grandes missions : courir le marathon, la réussite professionnelle, mais ça peut entraîner des souffrances : courir 42 km n’est pas simple.
- La liberté. Pour réussir tout ça, il faut chercher à être libre : libre de ses désirs, libre des liens…
- La voie de la vertu : dans cette optique-là, la vraie vie n’est pas forcément un accomplissement personnel. Le bonheur ici, c’est d’être quelqu’un de bien, une belle personne.
- La voie du progrès social. Une vision économique qui recherche le confort, la qualité de vie…
- La voie du salut : pour certains, la vraie vie est ailleurs dans l’au-delà. C’est la solution proposée par les religions qui peutêtre une vraie consolation. Comme Les Champs Elysées de la mythologie antique où l’âme des gens vertueux trouve le repos.
Le regard des autres ?
Le bonheur des autres influe sur notre propre perception du bonheur. En cas de déprime passagère, on peut être plus sensible à la mise en scène des vies des autres sur les réseaux sociaux où chacun fait son autopromotion… Ce qui signifie qu’en terme de réussite, il ne suffit pas d’être heureux, il faut l’être plus que les autres…
Et l’argent ?
Jule Renard :
Si l’argent ne fait pas le bonheur alors rendez- le
Pendant longtemps, la réussite était vue uniquement comme financière, ou professionnelle. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Or pour Jean-François Dortier, il ne faut pas systématiquement dire : « à bas le matérialisme ». La réussite, c’est aussi une façon de s’exprimer.
Mais il faut savoir que depuis une étude de 1974, qu’avec l’augmentation du niveau de vie, le niveau de bien-être dans les pays développés n’a pas augmenté. Le bien-être maximum est situé dans les pays nordiques connus pour leur qualité de vie.
A savoir : riches, si vous utilisez votre argent pour acheter une plus grosse voiture ou une plus belle maison cela ne vous rendra pas forcément plus heureux. Mais si vous dépensez votre argent pour déléguer et gagner du temps libre cela contribue à votre bonheur.