La psychologie et la froideur des tueurs en série percées à jour


Par C.St-.P.

Le colloque a gagné une reconnaissance par la qualité des intervenants. / Photo J.-M. Mazet

La 9e journée de l’AUPA (Association des urgences psychiatriques de l’Agenais) a été une nouvelle fois un succès. Le thème des tueurs en série et tueurs de masse a été longuement démythifié par une communauté d’experts.

La 9e journée de l’AUPA consacrée aux «tueurs en série et tueurs de masse» s’est tenue hier au centre des congrès d’Agen. La salle affichait complet. Le public a manifesté un intérêt accru tant pour le sujet que pour la qualité des interventions de scientifiques, profilers, criminologues, psychiatres qui ont livré un éclairage riche sur les mécanismes des passages à l’acte et les ressorts qui les sous-tendent. L’intervention de Stéphane Bourgoin, spécialiste de l’étude des tueurs en série, a marqué les esprits. Il a rencontré 77 criminels dans le monde.

Au départ, une «catharsis nécessaire» alors que sa compagne a été tuée, violée et mutilée en 1976 à leur domicile de Los Angeles. Condamné à la peine capitale, l’auteur attend toujours dans le couloir de la mort. «Mais la peine de mort n’est plus appliquée en Californie depuis un moratoire économique.»

Approcher ces tueurs «par besoin de comprendre» a-t-il confié, puis par la suite «par passion pour cette quête entreprise» qui le laisse parfois malade physiquement, en proie au vertige, quand il interroge ces détenus froids et cyniques. «Passion et en aucun cas fascination», a-t-il précisé. Il a projeté en salle deux séries d’entretiens sur deux profils distincts de serial killer. Un homme soupçonné d’avoir tué 34 femmes décrit comme souriant, débonnaire et assassiné depuis par un codétenu. «Un vampire psychologique, l’incarnation du mal» qui lui a donné la chair de poule. A l’écran, l’intéressé qui a publié une fiction, apparaît distancié, convoque la notion de bien et de mal, laisse planer le mystère, manie un certain cynisme, estime avoir fait un émule dont il perçoit une forme «d’hommage» (sic) dans le mimétisme. L’expression est à la fois habile et démoniaque, voire jouissive. Le deuxième document confine à l’effroi par l’abondance de détails apportés par le détenu tueur, violeur, nécrophile et cannibale qui explique la façon dont il a mis en confiance deux auto-stoppeuses, dont l’une pourtant méfiante. «En regardant ma montre pour jouer l’homme pressé.» Il décrit longuement comme amusé comment la jeune fille a rapidement compris que le piège se refermait sur elle et son amie, puis détaille ses passages à l’acte sauvages. Ce même homme a décapité sa mère, broyé ses cordes vocales, joué aux fléchettes avec sa tête.

Intelligence supérieure

Mais il stipule «choisir ses victimes au hasard et sous l’effet du désir. Si j’étais attiré, elles mourraient !».

À la lueur de ces témoignages édifiants, Stéphane Bourgoin explique avoir eu affaire dans le deuxième cas cité à un homme qui avait un Q.I proche de celui d’Einstein et qui était devenu bibliothécaire, alors qu’il avait été interné: «Il dévorait les ouvrages de psychologie pour apprendre à donner les bonnes réponses.» Il affirme qu’il n’y a pas de crime gratuit. Que sur les 77 détenus interrogés, seuls deux ont été jugés irresponsables de leurs actes et qu’à l’exception d’un seul cas, les 72 autres n’affichent pas l’once d’un remords. Des tueurs qui veulent «garder la maîtrise dans les entretiens», avec lesquels il est obligé de «créer un lien pour recueillir leurs aveux, de personnaliser aussi les victimes» face à des confessions désincarnées. «Je me tiens face à des psychopathes, dénués d’empathie, des menteurs pathologiques. J’analyse leur vocabulaire, leur comportement verbal, le regard qu’il me porte. Je deviens leur confident, leur ami entre guillemets. Je les manipule moi aussi. Je joue un rôle. C’est une manière indirecte de me protéger.» Ce spécialiste a écrit différents ouvrages sur le sujet. Sa popularité est telle et l’appétence des gens pour ses livres, que parfois cela vire à une fascination dérangeante

Il s’est mis en retrait des réseaux sociaux : «Du coup, je reçois insultes et menaces depuis que je ne réponds plus. Certains fans déséquilibrés me posent plus problèmes que les serial killers eux-mêmes.»

Le Petit Bleu

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