2 Minutes
Oui, les pères peuvent aussi souffrir de la dépression post partum. Ce syndrome, à ne pas confondre avec le baby blues, passager et souvent lié à un bouleversement hormonal, touche un père sur vingt selon une étude publiée la semaine dernière dans JAMA Psychiatry.
Ces papas vont, en silence souvent, développer le sentiment d’irritabilité, de découragement, de culpabilité. Ils craignent de ne pas savoir porter le bébé, s’en occuper correctement. Démunis face à la fragilité du petit qui vient de naître, ils disent se sentir inutile, bons à rien.
Plus de pères touchés qu’on ne croit
L’étude du professeur Ramchandani a dans un premier temps évalué le nombre de pères concernés. Son équipe suit depuis 1991 des milliers de familles de Bristol. Et l’analyse des données recueillies montre d’abord que la question est sous estimée ou niée.
Dans un deuxième temps, les chercheurs ont examiné la santé mentale chez les enfants qui avaient atteint 18 ans, un âge charnière car si la dépression touche 5,7% des jeunes de 12 à 17 ans, ce chiffre grimpe à 7,4% entre 18 et 39 ans.
Sur les 3000 familles de l’étude, il apparaît qu’en cas de dépression post-partum du papa, si le bébé est une fille, celle-ci a plus de risque de faire elle aussi une dépression à 18 ans. Le risque est « faible mais significatif » selon le Pr Ramchandani. On ne l’observe pas si l’enfant est un garçon.
Prendre en compte et soigner
Dans une précédente étude, cette même équipe avait montré combien l’âge est important car, plus jeune, 4/7 ans, ce sont les garçons qui réagissent le plus à un épisode dépressif de leur père. Ils ont plus de troubles comportementaux.
Le rôle de la mère n’est pas écarté. D’une part car si elle même fait une dépression après la naissance de son enfant, celle-ci sera aggravée par celle de son conjoint. Cumulé, un climat dégradé au sein de la famille et un surcroît de tension vont impacter le psychisme du bébé.
Pourquoi toutefois les filles de 18 ans sont-elles touchées et pas les garçons ? Les chercheurs avouent ne pas avoir d’explication. Ils avancent des relations plus complexes à l’adolescence entre père et fille. Dans leur étude, ils prennent soin de souligner les limites de ce travail : l’épisode dépressif du père était déclaratif et non attesté médicalement.
Quoiqu’il en soit, parce que le niveau de stress augmente au sein d’une famille touchée, les chercheurs concluent sur l’importance de ne pas négliger la santé mentale des nouveaux pères. Qu’elle soit masculine ou féminine, la dépression post partum, par les conséquences qu’elle aura sur le développement de l’enfant nécessite d’être soignée.