Par Véronique Julia
Il faut prendre soin du cœur des femmes.
Les femmes qui font de plus en plus de crises cardiaques. Mais dans l’imaginaire collectif, l’infarctus est d’abord une affaire d’homme, âgé, fumeur et bon vivant. Résultat, les femmes restent insuffisamment dépistées et prises en charge. Le portrait-robot des femmes à risques est pourtant assez simple à décrire. Dans 80% des cas, elles sont fumeuses hypertendues, stressées, et trop sédentaires. Yasmina, 42 ans, a fait un infarctus au mois de novembre, elle était en plein burn-out professionnel. « Je pensais faire une crise de panique », explique -t-elle.
Yasmina le dit, quand elle a eu cette chaleur dans la poitrine et cette fatigue, elle n’a pas pensé à l’infarctus. Et justement, c’est tout le problème, les femmes elles-mêmes n’imaginent pas une seconde que cela puisse leur arriver.
Comme l’explique Stéphane Manzo Silberman est cardiologue à l’hôpital Lariboisière à Paris : « Les femmes appellent en moyenne 20 minutes plus tard que les hommes… »
Précisément, quand elle est arrivée à l’hôpital, Yasmina a du attendre pendant des heures sur un brancard avant qu’on réalise à quel point c’était grave : « Je suis arrivée à 15h et j’ai été prise en charge à 21h30 ».
Deux tiers des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas eu les symptômes habituels
Il faut préciser que les deux tiers des femmes qui décèdent d’un infarctus n’ont pas eu les symptômes habituels comme la forte oppression décrite habituellement dans la poitrine.
Finalement, face à l’infarctus ou à son risque, on s’occuperait mieux des hommes que des femmes. C’est ce que dénonce la présidente de la fédération française de cardiologie, le professeur Claire Mounier-Véhier, même sur les ordonnances de sortie d’hôpital après un infarctus, elle constate que les femmes n’ont pas le même traitement que les hommes et cette méconnaissance des femmes, elle se constate aussi dans le dépistage chez les femmes, qu’on ne pense pas toujours à le faire ou on ne sait pas toujours déceler certaines lésions.
Si on connait mal les spécificités féminines, c’est aussi parce qu’on a fait peu de recherche sur le cœur des femmes, souvent absent des essais cliniques comme l’explique Claudine Junien, généticienne : « Il faut inclure plus de femmes dans les études ».
En attendant, une fatigue, un essoufflement inhabituel ou même des symptômes atypiques comme des nausées et des problèmes digestifs doivent alerter toutes les femmes, en sachant que certaines périodes de la vie hormonale comme la ménopause sont aussi des moments à risque.