Fin du changement d’heure : les chronobiologistes contre l’heure d’été permanente


Par Charlène Catalifaud

En mars, le Parlement européen s’est positionné en faveur de la fin du changement d’heure saisonnier d’ici à 2021. Chaque pays devra alors faire un choix entre heure d’été et heure d’hiver. Si les Français ont plébiscité, dans le cadre d’une consultation citoyenne, le maintien de l’heure d’été, les spécialistes de la chronobiologie ne sont pas de cet avis.

Absence de réponse gouvernementale

« Nous nous sommes mobilisés en octobre avec les sociétés européennes et américaines de chronobiologie et de médecine du sommeil et la Société française de recherche et médecine du sommeil, indique Claude Gronfier, chercheur INSERM à Lyon et vice-président de la Société francophone de chronobiologie. Nous avons interpellé le président de la République, le Premier ministre, les ministères chargés de la Santé et des Transports en leur apportant des éléments de réflexion sur le changement d’heure au regard des données scientifiques. » Six mois plus tard, ils n’ont toujours reçu aucune réponse gouvernementale. Le chercheur regrette que les citoyens français n’aient pas eu accès à une information éclairée sur le sujet avant d’être invités à se prononcer.

L’heure d’été correspond à un décalage de 2 heures avec l’heure solaire (UTC + 2 heures), contre un décalage d’une heure (UTC + 1 heure) pour l’heure d’hiver.

« Le passage définitif à l’heure d’été pourrait avoir un impact négatif sur un grand nombre de nos concitoyens », estime Jacques Taillard, chercheur CNRS à Bordeaux. En pratique, tout l’ouest du pays sera encore dans la pénombre à 10 heures du matin en hiver. « C’est l’exposition à la lumière au cours de la journée qui synchronise notre horloge centrale, souligne Claude Gronfier. Avec l’heure d’été, le fait de percevoir de la lumière que tardivement va retarder l’horloge et entraîner une heure de coucher tardive. » Avec un risque accru d’une privation de sommeil.

Si des études ont montré l’impact négatif du passage de l’heure d’hiver à l’heure d’été − augmentation des accidents de la route le lendemain du changement, du risque d’infarctus du myocarde dans la semaine qui suit, heure du coucher retardée −, les deux chercheurs regrettent le peu d’études sur les changements d’heure et la notion de fuseau horaire.

Une étude russe a néanmoins montré que la prévalence de cancer augmente dans les zones du pays se trouvant dans les fuseaux horaires où le soleil se lève le plus tard. « Ce phénomène est comparable au fait de rester de manière permanente à l’heure d’été. Il s’agit d’un élément de suspicion qui fait craindre une augmentation des troubles avec l’heure d’été », souligne Claude Gronfier.

Le phénomène de jet lag social

Pour les deux chercheurs, les personnes dites du soir (« lève tard-couche tard »), qui représentent 25 % de la population, les adolescents et les jeunes adultes sont les plus susceptibles de souffrir d’une heure d’été permanente.

En cause : le phénomène de jet lag social. « Il s’agit d’un mauvais alignement entre les heures de lever et de coucher imposées par la société et ce que l’horloge biologique indique, définit Jacques Taillard. C’est ce que vivent la plupart des adolescents et des jeunes adultes, qui sont plus du soirLe week-end, les horaires préférentiels reprennent le dessus, car ils sont en dette de sommeil. »

« Ce décalage social serait amplifié chez les adolescents et jeunes adultes et les « lève tard-couche-tard » avec le passage à l’heure d’été »,

avance également Claude Gronfier.

Les enfants constituent également une population sensible. « Ils vont également avoir tendance à se coucher plus tard, entraînant une dette de sommeil malgré leur grand besoin de sommeil », souligne Claude Gronfier.

Autre problème : chaque État membre de l’Union européenne est libre de choisir le fuseau horaire qui lui convient. Une non-harmonisation ne serait pourtant pas sans conséquence, en particulier pour les personnes qui travaillent dans un pays frontalier et qui subiraient tous les jours un décalage horaire.

 

Le Quotidien du Médecin

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