Comment notre prénom influence notre personnalité


Par  Lysiane Christen

prénom

Incarnant les projections des parents sur leurs enfants, le prénom affecte la personnalité. Et cette influence varie selon l’histoire de chacun.

Temps de lecture 4 minutes

Du premier cri et jusqu’après la mort, notre prénom intervient dans nos rapports sociaux, des plus intimes aux plus solennels. Choisi par nos parents, porté en gourmette, crié de façon tonitruante par un instituteur, susurré au creux de notre oreille ou gravé sur notre tombe, il charrie des sonorités, des connotations, des symboles. Dès lors, on peut se demander si cette étiquette exerce une influence sur notre vie et, plus particulièrement, notre personnalité.

La question a suscité l’intérêt de certains spécialistes. Parmi eux, le docteur Hugues Paris, pédopsychiatre au centre de psychiatrie et psychothérapie Les Toises, médecin-chef de l’établissement d’Yverdon. Ce dernier ne manque jamais lors de ses consultations d’interroger les parents sur les raisons qui les ont poussés à choisir l’appellation de leur progéniture. «Je découvre des informations très intéressantes, car il y a derrière ce choix une histoire familiale et un projet parental. Il est clair que, quand un papa baraqué appelle son fils Rambo, celui-ci a des chances de développer un caractère guerrier. Car il satisfait ainsi les attentes de son père.»

Un nom pour exister

Passionné par la question de l’influence des prénoms sur la vie psychique, Hugues Paris est l’auteur d’un conte pour enfant, La princesse sans nom. Il y raconte l’histoire d’une fille restée muette après que ses parents ont oublié de lui en choisir un. «Être nommé nous permet d’exister. Tout au long de notre vie, on se construit dans un rapport intime avec notre prénom, car il dénote notre individualité irréductible.»

Être nommé nous permet d’exister

Hugues Paris

Selon lui, c’est avant tout le contexte familial, cristallisé dans ce choix, qui va influencer la personnalité de l’enfant. Par exemple, un prénom rare va probablement l’encourager à se démarquer, parce que cela correspond à ce que ses parents apprécient et mettent en valeur. Parfois, il arrive que la décision provienne de mécanismes inconscients. «J’ai moi-même nommé ma fille Blanche, avant de comprendre bien plus tard que ce prénom inhabituel était celui de ma grand-tante, que j’ai très peu connue», raconte le psychiatre.

Bien sûr, donner un prénom à son enfant ne garantit pas que celui-ci se comporte conformément à nos attentes. «Il n’y a pas de destinée. Certains parviendront à s’identifier et d’autres ressentiront le besoin de se détacher de leur passé et du projet parental. Souvent, les adolescents en quête d’indépendance se font d’ailleurs appeler par un surnom».

Certains parviendront à s’identifier et d’autres ressentiront le besoin de se détacher de leur passé et du projet parental

Hugues Paris

Viser la rareté

Pour Hugues Paris, mieux vaut donner un prénom rare à un enfant, car cela peut renforcer son estime de soi. «Au début du XXe siècle, on s’appelait tous Pierre ou François. On était ainsi bien intégré dans la société. Aujourd’hui plus diversifiés, les prénoms deviennent des marqueurs d’individualité. Le message sociétal a changé: «Tu es unique et tu auras le destin que tu choisis», dit-on aux jeunes. La preuve, à présent on décide de son métier, de son orientation sexuelle…», explique le spécialiste, qui met cependant en garde contre les prénoms et écritures trop singuliers.

Enfin, il est possible de changer de prénom, si celui-ci nous pose problème. En 2017, le canton romand ayant comptabilisé le plus grand nombre de modifications de prénoms était celui de Vaud, avec plus de 360 changements, suivi par Genève (230) et Berne (216). Dans la majorité des cas, il s’agissait de les simplifier, les franciser ou les adapter à une nouvelle confession. «Mais avant d’entamer une procédure, mieux vaut en discuter avec un psychologue», conseille Hugues Paris. Il peut en effet s’avérer bénéfique de travailler sur la source de la gêne, étant donné que «le malaise est souvent lié à des antécédents familiaux».

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